L’épistémologie de Pierre Janet et le conventionnalisme

 

Laurent FEDI

laurent.fedi@alsace.iufm.fr

 

 

Reprinted from : Fedi, L. (2006). L'épistémologie de Pierre Janet et le conventionnalisme. Janetian Studies, Actes des conf. du 27 mai 2006, No Spécial 01, pp. 1-6.

 

 

 

En collectant dans l’Automatisme psychologique les allusions brèves et éparses au statut des hypothèses en psychologie, je me suis trouvé en présence d’un résultat frappant : Janet a énoncé de façon exacte ce qu’on appelle en épistémologie la thèse du conventionnalisme.  

 

1. Le corpus des citations

 

Une hypothèse est « une manière de se représenter les choses, une tentative pour réunir des faits en apparence contradictoires et par conséquent inintelligibles » (AP1, 301).

 

 « Une hypothèse doit être défendue de deux manières, en montrant 1° qu’elle est utile, c’est-à-dire qu’elle réunit et résume clairement certains faits ; 2° qu’elle est féconde, c’est-à-dire qu’elle permet d’interpréter d’autres phénomènes nouveaux pour lesquels elle n’avait pas été imaginée » (AP, 329).

 

« La grande différence entre une étude expérimentale et une théorie philosophique, c’est que la première n’a pas besoin de pousser les idées jusqu’à leurs plus lointaines conséquences et qu’elle s’arrête au point où la base solide des observations et de l’expérience paraît se dérober » (AP, 330).

 

Janet s’interdit de dire « comment sont les choses dans leur réalité absolue » : la science appartient au domaine des vérités relatives, les hypothèses scientifiques « n’ont d’autre but que de réunir dans une même conception un très grand nombre de faits qui, isolés, ne pourraient être ni retenus ni compris » (AP, 345).

 

     Le but des hypothèses est de représenter les faits de manière utile et économique (AP, 345-346). 

 

Ces « conjectures vraisemblables » que sont les hypothèses sont « une manière simple de résumer, de synthétiser les phénomènes […] décrits » (AP 455). 

 

L’affirmation du caractère relatif des vérités scientifiques (la science ne prétend pas saisir la réalité absolue) exprime simplement la position standard des savants depuis Auguste Comte et Claude Bernard. En revanche, l’insistance sur le fait qu’une hypothèse n’est 1° qu’une « conjecture vraisemblable », 2° qu’un « résumé » ou une « représentation » de faits expérimentaux, et non une explication du réel, et 3° que sa valeur réside dans son utilité et son pouvoir d’économie, rappelle - jusque dans le choix des termes - la thèse conventionnaliste et plus spécialement la version qu’en donne le physicien Pierre Duhem (1861-1916).

 

2. La thèse conventionnaliste

 

La thèse générale du conventionnalisme énonce que pour la construction de la physique, on doit poser des conventions qui relèvent de notre libre choix. Le choix de ces conventions n’est pas arbitraire, il obéit à des principes méthodiques parmi lesquels figure le principe de simplicité2.

 

Le conventionnalisme se présente selon deux versions, incarnées respectivement par Poincaré et Duhem, dont je retiendrai ici les seuls éléments épistémologiques intéressant directement le rapprochement qui m’occupe3.

 

- Henri Poincaré soutient que le but des théories mathématiques est non pas de « révéler la véritable nature des choses » mais de « coordonner » les lois physiques que, sans les mathématiques, nous ne pourrions même pas énoncer4. Mais surtout Poincaré pense que nous n’avons pas à nous demander si les principes de la mécanique sont vrais, car ils sont simplement commodes. Ces principes ont un caractère conventionnel au même titre que les axiomes de la géométrie. Ainsi, plusieurs théories peuvent être également plausibles, mais l’une sera choisie pour sa commodité ; « le fait scientifique n’est que le fait brut traduit dans un langage commode »5. On a appelé cette position le « commodisme ».

 

- Pierre Duhem se démarque de Poincaré en relativisant le critère de commodité. Plusieurs théories peuvent être également plausibles, cela ne veut pas dire qu’il n’y en ait aucune qui soit la meilleure selon quelques critères de base. Pour le reste, il pense qu’une théorie physique n’est pas l’explication des causes d’un phénomène, mais une représentation abstraite et économique des lois expérimentales d’un champ particulier de phénomènes. Ce qu’il exprime de la façon suivante. Une théorie physique est la traduction symbolique en langage mathématique de lois expérimentales6, son rôle est purement « symbolique »7 et elle n’a qu’une valeur approchée, jamais parfaitement exacte8. Ou encore une théorie physique est « une représentation systématique d’un ensemble de lois expérimentales »9 dont le but est de « classer les lois » non de « dévoiler les causes »10, « de relier entre elles, de classer les connaissances acquises par la méthode expérimentale »11, « de soulager la mémoire et de l’aider à retenir plus aisément la multitude des lois expérimentales »12. Ainsi, la théorie physique est un aide mémoire et « ne nous enseigne absolument rien sur la raison d’être de ces lois et sur la nature des phénomènes qu’elles régissent »13. Comment une théorie se construit-elle ? « Une expérience de physique est l’observation précise d’un groupe de phénomènes, accompagnée de l’interprétation de ces phénomènes ; cette interprétation substitue aux données concrètes réellement recueillies par l’observation, des représentations abstraites et symboliques qui leur correspondent en vertu des théories physiques admises par l’observateur »14. Duhem insiste sur l’écart entre le symbole et la chose mathématisée : la théorie physique « est une construction artificielle, fabriquée au moyen de grandeurs mathématiques […] La relation de ces grandeurs avec les notions abstraites jaillies de l’expérience est simplement celle que les signes ont avec les choses signifiées »15. Ce rapport du signe à la chose signifiée revient à dire que les éléments de la théorie sont des conventions.

 

Certes, Janet et Duhem ne parlent pas tout à fait des mêmes choses. Janet parle des hypothèses et Duhem des théories. Mais si l’on admet que la théorie est, notamment pour Janet, un ensemble d’hypothèses validées par le contrôle expérimental et rien de plus, cette différence est réductible et négligeable. Disons même, plus exactement, que l’hypothèse (selon Janet) est aux faits ce que la théorie (chez Duhem) est aux lois. D’autre part, Duhem définit une théorie physique, et l’écart entre la chose physique et le langage mathématique compte pour beaucoup dans la thèse conventionnaliste, tandis que Janet s’attache à la psychologie, dont on sait que les théories ne sont pas mathématiques. Mais là encore cette différence est loin d’être essentielle, car Janet considère lui-même que la théorie scientifique n’est pas un enregistrement, mais une construction qui passe par des énoncés. Restent les affinités, qui sont ici stupéfiantes. 

 

3. La circulation des idées

 

Aucun des textes cités de Duhem et de Poincaré n’est antérieur à l’Automatisme psychologique. Poincaré et Duhem avaient écrit des articles scientifiques auparavant, mais sans donner la clef du conventionnalisme et sans formuler de façon aussi nette la thèse des conventions et de l’aide-mémoire16. Par ailleurs je n’ai trouvé aucune trace d’une lecture de Janet par Duhem. La recherche peut alors s’orienter dans deux directions :

 

a) D’abord les sources du conventionnalisme.

 

Sans parler des inspirateurs de l’épistémologie scientifique moderne (Bacon, Descartes, Newton, les Encyclopédistes, Claude Bernard, etc.), Janet connaissait les antécédents philosophiques du conventionnalisme : Comte, Cournot, Boutroux.

 

Décrivant la démarche de l’astronome, qui détermine les orbites planétaires en procédant par approximations successives, Auguste Comte est amené à faire la réflexion suivante : « L’astronomie moderne, en détruisant sans retour les hypothèses primitives, envisagées comme lois réelles du monde, a soigneusement maintenu leur valeur positive et permanente, la propriété de représenter commodément les phénomènes quand il s’agit d’une première ébauche. Nos ressources à cet égard sont même bien plus étendues précisément à cause que nous ne nous faisons aucune illusion sur la réalité des hypothèses ; ce qui nous permet d’employer sans scrupule, en chaque cas, celle que nous jugeons la plus avantageuse »17.

 

Augustin Cournot considère qu’une loi scientifique rend raison de la variété et de la multiplicité des apparences par une « coordination » régulière (mot qu’on retrouve chez Poincaré). Le caractère non arbitraire de la loi est garanti par sa simplicité, par l’improbabilité d’une coïncidence fortuite (Janet parle sinon de probabilité18, du moins de « conjecture vraisemblable »). La science manifeste une propriété générale de la raison qui est la référence à l’idée de l’ordre et de la raison des choses, elles-mêmes identifiées. La raison rejette tout élément introduisant dans une théorie contradiction ou incohérence, elle admet au contraire une coordination régulière. Ainsi l’explication des choses est d’autant plus satisfaisante « que l’ordre dans lequel nous sommes parvenus à les ranger nous semble mieux satisfaire aux conditions de simplicité, d’unité et d’harmonie qui, selon notre raison constituent la perfection de l’ordre »19. 

 

Emile Boutroux (1845-1921) enseigne que « la science est née le jour où l’homme a conçu l’existence de causes et d’effets naturels, c’est-à-dire de rapports invariables entre les choses données »20. L’objet de la science est donc une forme abstraite, extérieure à la nature intime de l’être, et symbolique. Echappe en particulier à la science et au principe de causalité, ce qui relève de la « qualité » et de l’individualité du concret. Les lois naturelles sont l’image artificielle « d’un modèle vivant et mobile par essence »21.

 

b) Ensuite les coïncidences biographiques.

 

L’un des interlocuteurs de Duhem fut Gaston Milhaud (1858-1918), normalien, mathématicien et historien des sciences. Milhaud fut le condisciple de Janet à Normale et son collègue au Havre. Ils partageaient la même maison en Normandie et l’on peut imaginer de fructueuses conversations sur ces sujets entre le philosophe (qui dispensait des cours sur l’explication scientifique conformément au programme officiel), et le mathématicien initié à la pensée de Boutroux grâce aux conseils avertis de Janet. Boutroux, qui fut le maître de Janet à Normale et membre de son jury de thèse était le beau-frère de Poincaré, avec qui il partageait un certain nombre d’idées philosophiques.

 

Dès son premier livre, Milhaud semble imprégné des idées d’Emile Boutroux. Ainsi cette phrase est-elle un décalque de la citation de Boutroux mentionnée ci-dessus : « [La science] est née du jour où, en énonçant le lien le plus simple qui pût le frapper entre deux événements quelconques, l’esprit humain a cherché à saisir ainsi, sous leur apparence variable quelque chose de constant »22. Comme le « spiritualiste » Emile Boutroux, Milhaud estime que la science témoigne de la création de l’esprit et qu’elle est en ce sens relative, contingente et éventuellement particulière en attendant son unification historique. Les hypothèses relèvent du langage et ne sont ni vraies ni fausses, ce sont des outils interprétatifs, justifiés par la commodité du langage. Milhaud rejoint ainsi le « commodisme » de Poincaré.

 

Ce réseau intellectuel reste en partie à explorer. Il y a là un filon très riche concernant la naissance en France des idées conventionnalistes. On y voit, entre autres choses, s’esquisser les liens possibles entre conventionnalisme et spiritualisme, attestés par le cas de Milhaud notamment. Janet, Milhaud, Bergson, sont affiliés à la tradition spiritualiste qui débute en France avec Maine de Biran, se poursuit avec Ravaisson, Lachelier et Boutroux et se prolonge au XXe siècle avec Edouard Le Roy et Léon Brunschvicg23. Ce courant peut se définir par ces deux affirmations : 1° il est impossible d’expliquer le supérieur par l’inférieur ; 2° une partie de la réalité échappe à la science (à la quantification notamment) du fait que le réel concret est hétérogène, mouvant, qualitatif et singulier. Ces affirmations peuvent déboucher soit sur une valorisation de la philosophie par rapport à la science (chez Boutroux par exemple), soit sur l’apologie de la créativité de l’esprit humain (chez Brunschvicg par exemple). Il faut noter par ailleurs l’importance de la question religieuse à l’arrière-plan. Pour les spiritualistes, il n’y a pas d’opposition entre raison et foi, science et religion, mais il ne doit pas non plus exister de confusion. Ainsi, la philosophie, construite par et sur la raison, n’est pas d’essence religieuse, mais s’oriente vers le problème du religieux sans y pénétrer. En d’autres termes, on dira que dans cette période de tensions entre l’Eglise et l’Etat, l’horizon de la philosophie spiritualiste tend vers les questions religieuses, dont la métaphysique est le seuil.

 

4. Une épistémologie pour la psychologie

 

Cette découverte pour l’histoire de l’épistémologie française devrait nous amener à nous interroger sur l’épistémologie interne de la psychologie avant les années 1890. Il faut rappeler que la psychologie scientifique ne fait encore qu’émerger du domaine de la philosophie, et que la théorisation n’est pas toujours accompagnée, en sciences humaines comme en physique, d’une définition explicite des outils. Néanmoins, on doit rappeler que l’empirisme du XIXe siècle incitait souvent à prendre les théories pour des reflets de la réalité ou pour des assemblages de données expérimentales sans médiation. Le scientisme ambiant pouvait véhiculer l’idée d’une saisie directe du monde par la science et l’espoir d’une solution définitive aux malheurs de l’humanité grâce au progrès scientifique et technologique. Enfin, le réductionniste était une attitude courante en science. Janet s’y oppose notamment lorsqu’il refuse de considérer les phénomènes psychologiques comme des effets purs et simples de phénomènes physiologiques.

 

Outre l’intérêt historique de cette découverte, il faut prendre conscience de ce que signifie le conventionnalisme appliqué à cette science humaine naissante qu’est la psychologie. A titre d’exercice philosophique, on pourrait essayer de transposer à la psychologie ces commentaires de Duhem : « Lorsque Képler, écrit-il, multipliait ses tentatives pour rendre compte des mouvements des astres à l’aide des propriétés des cours d’eau ou des aimants, lorsque Galilée cherchait à accorder la course des projectiles avec le mouvement de la Terre ou à tirer de ce dernier mouvement l’explication des marées […] la vérité qu’ils introduisaient peu à peu dans la science, c’est qu’une même Dynamique doit, en un ensemble unique de formules mathématiques, représenter les mouvements des astres, les oscillations de l’Océan, la chute des graves […] En dépit de Képler et de Galilée, nous croyons aujourd’hui avec Osiander et Bellarmin, que les hypothèses de la physique ne sont que des artifices mathématiques destinés à sauver les phénomènes ; mais grâce à Képler et à Galilée, nous leur demandons de sauver à la fois tous les phénomènes »24.

 

Il me semble que l’Automatisme psychologique illustre bien, méthodologiquement, cette pratique de la science : « sauver les phénomènes », coordonner des faits en apparence disparates (somnambulisme, hypnose, catalepsie, distraction, prophétisme, coup de foudre amoureux etc.), leur donner une cohérence, de sorte que la théorie de l’automatisme est un ensemble coordonné ou un tableau synoptique des phénomènes du sujet (normaux et pathologiques). Le modèle des sciences de la nature – qui distingue la psychologie dynamique de l’herméneutique freudienne - ne conduit pas Janet à épouser naïvement une explication scientifique mécaniste (de type : expliquer le phénomène B = trouver le phénomène A tel que « A entraîne B »). Son usage est plus raffiné, puisqu’il consiste à représenter un ensemble de phénomènes (le plus vaste possible) de telle sorte qu’on puisse rendre compte de chaque phénomènes, normal ou pathologique, dans ses caractéristiques propres, par la coordination des faits au sein desquels il trouve sa place au terme du travail scientifique (qui suppose l’observation, l’analyse, la description, la classification, etc.)

 

Il est remarquable, enfin, que Janet accepte au moins tacitement une potentielle pluralité des théories (il présente toute hypothèse de son cru comme une « conjecture vraisemblable » !). En poussant la comparaison épistémologique avec la psychanalyse, on aboutirait certainement à une vision éclairante des différences de fond qui séparent Janet de Freud. 

 

 

NOTES ET REFERENCES

 

[1] Automatisme psychologique [1889], éd. Société P. J., 1973. Abréviation : AP.

2 Voir la définition qu’en donne Carnap en 1923 dans « Uber die Aufgabe der Physik und die Anwendung des Grundsatzes der Einfachsheit », Kant-Studien, t. 28, p. 90-107.

3 Pour un commentaire approfondi on lira Anastasios Brenner, Les origines françaises de la philosophie des sciences, Paris, PUF, 2003.

4 Poincaré, Leçons sur la théorie mathématique de la lumière, Préface, G. Carré, 1889.

5 Poincaré, La valeur de la science, Paris, Flammarion, p. 161.

6 Duhem, Prémices philosophiques, 1987, p. 8 [1892].

7 Ibid., p. 26 [1892].

8 Ibid., p. 11 [1892].

9 Ibid., p. 33 [1892].

10 Ibid., p. 24 [1892].

11 Ibid., p. 37 [1892].

12 Ibid., p. 2 [1892].

13 Ibid., p. 94 [1893].

14 Ibid., p. 150 [1894] .

15 Duhem, La théorie physique, P. Brouzeng (ed), Vrin 1981 [1906], p. 420.

16 Certes, je passe sous silence les savants qui auraient pu occasionnellement émettre des opinions pré-conventionnalistes, comme par exemple Bouty qui écrit en 1877 : « Pour conserver à leur science la rigueur qu’elle emprunte à l’usage des méthodes analytiques, les mécaniciens ont dû substituer aux corps réels, des êtres imaginaires : le solide rigide, le fluide parfait, créés par des définitions […] Comme d’ailleurs la force n’est là qu’un représentant analytique d’un fait expérimental, le mouvement » (cité par Jean-Claude Pont, « Aux sources du conventionnalisme », dans Les savants et l’épistémologie vers la fin du XIXe siècle, sous la dir. De M. Panza et J.-C. Pont, Blanchard, 1995, p. 132).

17 Comte, Cours de philosophie positive, 23e leçon, éd. Hermann, t. I, p. 372.

18 Cournot, Essai sur le fondement de nos connaissances, § 399. La probabilité qui est la pierre de touche de nos connaissances, et que Cournot appelle probabilité philosophique pour la distinguer de la probabilité mathématique, repose elle-même sur l’idée de l’ordre et de la raison des choses : c’est une application de la raison au second degré, qui porte non plus sur les faits méthodiquement observés, mais sur les lois elles-mêmes et notre système de connaissances. Cournot assimile plus ou moins nettement la stratégie probabiliste à l’induction et à l’analogie et reproche à la tradition philosophique, de Platon à Kant, d’avoir négligé sa valeur rationnelle.

19 Cournot, Essai…, § 396. On peut compléter ce qui précède par deux remarques. Premièrement, Cournot affirme qu’une loi scientifique n’est « qu’une induction probable » et que « l’hypothèse contraire n’est pas rigoureusement démontrée impossible » (ibid, § 399). D’autre part, il souligne que la valeur explicative des théories ou notions scientifiques n’est jamais absolue. En effet les systèmes que nous étudions font partie de système plus généraux dont nous n’atteignons jamais le dernier terme. Nos connaissances sont donc des approximations asymptotiques (ibid, § 401)

20 Boutroux, De la contingence des lois de la nature, Germer Baillière, 1874, p. 25.

21 Ibid., p. 192-193.

22 Milhaud, Leçons sur les origines de la science grecque, Alcan, 1893, p. 12

23 Je mets de côté le spiritualisme de Victor Cousin et de ses disciples (comme Paul Janet), parce qu’il consiste dans une version académique et institutionnelle moins ouverte au fait scientifique qu’à un compromis politique entre l’Eglise, l’Etat et l’institution universitaire.

24 Sozein ta painomena [1908], Vrin, 1990, p. 140.